Les gens du Nord ….

Rencontre avec les chasseurs de pigeons du Nord


Compte rendu de la visite de l’A.C.P.O.P.N.

Ce 07 Novembre, nous avons reçu Mr Raoul BARY, Vice-Président de l’Association des Chasseurs de Pigeons et d’Oiseaux de Passage du Nord, et président du groupement départemental des chasseurs de gibier d’eau dont fait partie l’ A.C.P.O.P.N (59).
Si le beau temps a été de la partie, les migrateurs, eux , n’étaient pas au rendez-vous. La matinée aux pantières de Naphal (64) fut des plus calmes. Heureusement une petite volée de 16 oiseaux a permis à Raoul de suivre un déroulement de chasse…sans capture….L’après-midi dans une cabane de la forêt d’Ostabat (64) fut toute aussi calme. La visite des installations fut très intéressante pour notre visiteur. La fin de l’après-midi se déroula chez moi où entre collectionneurs, nous nous sommes parfaitement compris bien que les canards soient sa partie passionnelle de recherche.
Au cours de cette journée, nous avons parlé et échangé des idées, des avis. Nous avons décidé d’aborder tous les points pouvant porter à confusion au cours du repas du soir à l’Hôtel de la Paix (le bien nommé) de St Palais (64).
Assistaient également au repas : Frédéric NIHOUS, fondateur de l’A.C.P.O.P.N. Benoît SOULAT et Arnaud FONTAINE administrateurs à la Fédération du 64, Jean Noel MAUBARTHE, et Michel PEYRUSEIGT de l’A.N.C.P.
Je vais donc tenter l’exercice périlleux de résumer 4 heures de discussions très instructives et parfois surprenantes.
Il va sans dire que la soirée a été excellente. Les discussions et débats, essentiellement autour de la palombe- pigeon nous ont tout de suite fait comprendre que les vérités que nous détenons tous ne sont que très partielles et uniquement valables dans leurs lieux et contextes.
Des éclaircissements s’imposent. Pas d’A.C.C.A. dans le 59, uniquement des Société où le tarif de l’action est de 450 € en moyenne. A ce prix, s’ajoutent les 15 à 20 Ha que chaque actionnaire-sociétaire doit louer au prix d’un quintal de céréales (blé) à l’hectare, soit plus de 70 € en ce moment. Bref 1500 à 2000 € par an. On est bien loin de nos cartes d’A.C.C.A. même au tarif « extérieur ». Et cela ne vous donne pas pour autant le droit de tirer le pigeon (on peut se demander qui est réellement le pigeon…)
Là-bas, le lièvre se chasse au chien d’arrêt et non au chien courant.
Les chasseurs de sangliers sont postés et ne bronchent pas d’un poil en attendant les fins de traques qui sont menées par des hommes armés de bâtons et quelques petits chiens pour obliger les « cochons » à quitter les enceintes les plus impénétrables.
Ceci laisse rêveur quand on suit les battues de « chez nous »…
Mais revenons au pigeon. Sur 28000 chasseurs enregistrés dans le Nord, 3500 paloumayres sont recensés à ce jour. Ce sont surtout des jeunes, peu fortunés, qui pratiquent une chasse ayant moins de carcans, de contraintes et plus démocratique.
Les prises de début de saison sur les jeunes sédentaires sont bonnes puis les oiseaux disparaissent très rapidement au profit des zones boisées où ils resteront tranquilles jusqu’en décembre où les battues au « gros » les feront retourner en plaine. Jusqu’au 10 février, les tableaux peuvent être conséquents à condition de ne chasser qu’un ou deux jours par semaines. Après le 10 février, les agriculteurs louent les postes dits « de destruction ». En la matière, c’est la loi du bouche à oreille qui commande. 150 à 200 € la journée (pour un bon poste) est le tarif non déclaré mais reconnu…et les tableaux de 100 à 150 prises sont courants en certains endroits. Que deviennent les pigeons tués ? Des témoignages, crédibles, de ramasseurs de poubelles les portant en décharge existent et sont dénoncés par l’A.C.P.O.P.N.
Pour le monde agricole, le pigeon ramier est l’oiseau à éliminer, il est accusé de tous les maux. Pourtant, cet oiseau n’est pas responsable de tout ce dont on l’accuse. C’est surtout une « vache à lait ».
Pays de la colombophilie, les gens de l’A.C.P.O.P.N. savent pertinemment que 20 à 30 % des lâchers de jeunes pigeons voyageurs, ne regagnent jamais leur havre. Perdus, mais pas morts, ces pigeons rejoignent les clochers, les villes et villages et créent des dégâts beaucoup plus importants que les palombes. Seules les cultures les plus proches de l’agglomération Lilloise supportent des pertes dues aux ramiers et la Fédération du 59 est prête à indemniser ces pertes à condition qu’elles soient réelles et avérées, comme le précise la loi pour un classement nuisible.
Les chasseurs reconnaissent qu’il faudrait peut être un classement spécial pour cette zone, mais l’état de nuisible du ramier ailleurs dans le département n’est pas justifié.
Pour l’A.C.P.O.P.N. détruire les pigeons ramiers après le 31 mars est un non sens d’autant que les conditions de destruction fixées par la loi ne sont pas respectées (tir au vol, utilisation de formes, pigeons étalés au sol, malgré l’interdiction). La D.D.A. refuse même toute transmission d’informations concernant ces destructions, le nombre d’autorisations délivrées et le nombre de prises; c’est une honte !
Ceci démontre s’il en est, la puissance du lobby agricole.
l’A.C.P.O.P.N. et la Fédération des Chasseurs demandent la détermination d’un plan d’ensemencement et des périodes de dégâts par espèce plantée; lettre morte … Elles souhaitent que la destruction soit l’objet d’une battue administrative organisée par le Lieutenant de Louveterie qui nomme ses destructeurs, mais là aussi, le lobby a fonctionné voyant s’éloigner une source de revenus non négligeable et ne nécessitant aucun investissement.
C’est pour cela que l’A.C.P.O.P.N. dans sa dernière lettre d’information à ses adhérents, essaye de les dissuader de chasser au delà du 31 mars. Elle demande même une régularisation pour chasser jusqu’au 31 mars afin d’interdire ensuite toute action de chasse ou de destruction au delà de cette date offrant ainsi aux oiseaux une période de nidification calme et sereine. Il convient de préciser que les cultures endommagées, le sont en grande partie au mois de mars, lorsque la plante naissante (colza, pois) n’atteint pas encore 10 cm de haut. Passé cette période, les palombes ne s’attaquent plus à ces végétaux.
Je comprends que nombre de paloumayres du Sud-Ouest (et d’ailleurs) aient été interpellés par cette demande alors que la migration de retour des palombes a déjà débuté et leur chasse interdite sous nos cieux. Les chasseurs de pigeon – ramier du Nord en sont parfaitement conscients et savent que cela ne les concerne pas car la migration de retour ne se fait pas dans leur région et la pression de chasse ne s’adresse qu’aux populations sédentaires. Dans ce but, les services techniques de la Fédération vont procéder à des analyses des plumes d’oiseaux capturés, afin de prouver ces faits et couper court à toute polémique. Cette démarche est saine et tout à fait légitime.
Penser à une gestion uniforme et unique de la chasse aux palombes est illusoire et utopique.
L’A.N.C.P. ne peut que poursuivre les contacts afin de faire connaître les coutumes du Sud-Ouest, les autres pratiques et préserver le plus longtemps possible les populations de « bleues » et leurs traditions.

Le 13 Novembre 2007 Pour l’A.N.C.P. / J. Luquet
Président